Au Soleil Levant

Le ramassage des petits ballots

                                                                                                                                         

Le gîte « Au Soleil Levant » est un des fenils où les réserves de foin sont stockées.  Comme chaque été, le temps des fenaisons revient. Une fois l’herbe coupée, séchée et empaquetée en petits ballots, nous partons en famille les chercher dans les champs. Michaël, un copain du village est de la partie.

  • Tout le monde sur le chariot, on est parti !

Papa est à tracteur, maman, Michaël et moi sur le char.  Nous partons en direction de Rahet, un lieu-dit du village. L’air chaud de l’après-midi nous caresse le visage.  Les odeurs d’herbe fauchée sont des parfums délicieux qui me remplissent à chaque respiration.  Le petit voyage est chaotique, nous sursautons sur le char tout au long du chemin.

Nous sommes arrivés ; je saute du chariot.  Papa me demande de conduire le tracteur le long des lignes de ballots.  Quelle fierté, je suis responsable du charroi.  Du haut de ma petite dizaine d’années, je fais un travail de grand.  Michaël aligne les ballots pour faciliter le chargement.  Avec sa fourche, papa pique dans le ballot et avec une technique bien maitrisée le soulève.  Hop, un dernier coup de reins, notre ballot termine sa course dans les jambes de ma maman.  Elle édifie une construction  rangée avec méthode.  Les sont serrés les uns aux autres.  La construction doit être solide et homogène au risque que le tout s’écroule au chemin du retour.

Le char est rempli.  Ma maman déteste en descendre.  Papa pique sa fourche dans les ballots afin de créer un escalier sur lequel elle peut prendre appui pour descendre.

Maman n’aime pas ça parce que papa fait semblant que sa fourche n’est pas stable.

-Camille, arrête tes bêtises ou je me fâche.  Papa nous regarde et rigole.  Il veille cependant à ce que maman descende en toute sécurité….Il a besoin d’elle pour décharger le chariot.

 

Le retour à la ferme

Le chariot est complet, maman en est descendue.  Nous demandons, Michaël et moi, pour monter dessus pour le chemin du retour.  Je m’accroche au fourragère (grande barrière à l’avant et à l’arrière du chariot qui empêche les ballots de tomber), j’escalade celle-ci. La sensation est grisante, c’est tellement haut.  Je m’installe confortablement entre deux ballots. Michaël en fait de même.  Un brin d’herbe en bouche, nous voilà prêt pour le chemin du retour.  Je suis couché et je regarde le ciel.  Les branches des arbres viennent fouetter le char ; on baise la tête et on rigole.   Les tremblements du charriot sont amortis par la masse de foin, c’est un matelas merveilleux. 

Le bruit étouffé du tracteur et les grincements du char sont une douce mélodie.  Le parfum de l’herbe séchée est ressenti plus profondément encore à chaque nouvelle respiration.  Deux copains sur un char avec toutes leurs sensations ressenties… Une découverte aux merveilles  que l’on garde toute la vie durant !

Emmanuël Delfosse

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